Le Triathlon m’a aidé à comprendre mon burnout

Il y a plusieurs années, j’étais un chef d’entreprise qui ne pensais la vie qu’au travers de mes projets professionnels. Il n’y avait que travail, travail et travail. Chaque jour de la semaine du lundi au dimanche n’était rythmé que par des projets en cours ou à venir à gérer, contrôler, des clients à décrocher, des équipes à motiver, des parties prenantes à fédérer, etc. mais surtout, je ne vivais la relation avec les autres qu’en terme de contacts professionnels.

Bref, la tête dans le guidon et un jour, tout s’arréta brutalement … le burnout !

Rien de grave que je pensais … j’en étais quand même arrivé au point ou même faire mes achats au supermarché devenait un challenge mais, rien de grave. Pas de quoi s’affoler et surtout, ne pas pedre du temps à trop philosopher. Fallait juste que je prenne quelques jours de repos afin de me ressourcer.

Ce que je fis. Je suis partis quelques jours à l’étranger histoire de retrouver cette énergie nécessaire qui me permettait de repartir à bloc sur mes projets professionnels au plus vite … comme d’habitude. Evidemment, même totalement dans le cirage, je ne pensais encore et toujours qu’à ça.

Mais voilà, comme le message ne passait pas, la vie en décida autrement. J’ai été victime d’un nouvel accident (ah oui, car j’oubliais, 2 ans auparavant j’avais déjà subis un accident). Résultat, je devais être rapatrié en Suisse et je ne savais pas si un jour je retrouverais le 100% de mes capacités motrices. J’ai subis plusieurs interventions chirurgicales.

Bref, je te passe les détails mais c’était le choc. J’étais stoppé net, dans le doute et surtout sans vraiment de contrôle sur les évenements.

Circulez, il y avait juste moi en face de moi.

Après quelques mois d’immobilité, j’ai tranquillement commencé la rééducation. D’abord avec les physios et une fois que je retrouvais plus d’autonomie j’ai commencé la piscine  en barbotant, en vélo d’appartement sur une jambe puis deux, par de petites marches de quelques minutes avec les bequilles dans les couloirs, etc.

Etonnement, quelques jours après l’accident, je me sentais bien. Comme libéré d’un poids malgré les douleurs. Mon approche de sportif m’aidait car je voyais la suite comme un défi.

Heureusement bien entouré par mes proches, j’étais déterminé à chaque instant de ma rééducation, patient, et surtout à l’écoute de mon corps, j’ai rapidement cherché à fixer un but :

Je barbote, je roule dans mon appartement, je marche alors le jour où je retrouverais mon corps, je ferais un Triathlon avec un dossard.

Au final, il m’aura fallu pratiquement 4 ans de rééducation pour mettre un dossard. Participer et surtout terminer un Triathlon.

Rewinding

Durant cette période de remise à niveau physique, j’ai eu le temps et surtout, le devoir cette fois de réfléchir aux causes de mon burnout. J’ai tiré quelques enseignements de mon expérience personnelle que je partage.

La passion

Passionné par la création et la direction de mon entreprise, j’étais dans un rythme de travail ou les heures et l’énergie dépensée n’étaient plus comptées. L’hygiène de vie, la vie sociale, le repos et la vie familiale n’étaient plus prises en considération tellement j’étais absorbé par mes projets. J’enchainais les projets les uns après les autres simplement par passion.

Les limites

Je n’avais pas conscience ou plutôt, je n’avais peut être pas l’humilité d’accepter que j’avais des limites et que je n’étais pas infaillible. La charge et la pression quotidienne que je m’infligeais presque 7 jours sur 7 durant des années n’étaient simplement pas tenables sur une aussi longue période.

M’oublier

En coaching, une règle de base est « prendre soin de soi-même avant de s’occuper des autres ». J’étais exactement dans le cas de figure inverse. Je m’occupais de mes clients, de mes équipes, de mes associés, de mes projets, de mes plannings, de mes comptes, etc. mais jamais de moi-même.

Et les signaux ?

Plusieurs semaines avant le burnout, j’avais des signes physiques et psychiques avant coureur. Extrême fatigue, perte de créativité, perte de motivation croissante, insomnie, angoisses, tachycardie, irascibilité et sensations d’oppression.

Un autre signal révélateur, un mot avait complètement disparu de mon vocabulaire. Le mot « bonheur ». Plus le plaisir d’aller à la rencontre de l’autre, plus le plaisir de la vie sociale, plus le plaisir à être seul, plus le plaisir à me lever, plus le plaisir dans mes projets, plus le plaisir à communiquer.

Alors pourquoi le Triathlon m’a aidé ?

En pratiquant le Triathlon, j’ai élaboré quelques règles de base afin de pratiquer ce sport dans les meilleures conditions.

C’est un sport assez exigeant qui mêle plusieurs disciplines et selon les distances recherchées, il faut de longs mois de préparation physique et mentale afin de réussir ce challenge. La bonne nouvelle, c’est qu’une fois quelques règles mises en application le Triathlon peut vraiment devenir un sport très ludique et vraiment accessible à chacun sans pour autant être un warrior.

Une histoire de rythme

Pourquoi une méthode qui fonctionne lors d’une préparation sportive ne fonctionnerait-elle pas également dans la vie professionnelle ?

Dans mon monde professionnel, j’étais familiarisé avec des mots comme l’objectif à atteindre, des phases de travail spécifiques, des tâches à accomplir, des délais à respecter, un début, une fin, par contre, je n’avais jamais vraiment entendu parler du mot « rythme ».

Dans un contexte d’une préparation sportive à une compétition, si tu ne respecte pas un « rythme » ou des « rythmes » , non seulement tu ne progresseras pas mais tu peux finir également par tomber dans la spirale du surentraînement, de la surcharge, de l’épuisement et du burnout du sportif.

En sport, c’est simple, si tu veux progresser, tu ne peux pas aller à fond tout le temps !

Lors d’un plan d’entrainement, on parle de quoi ? Adaptation, progressivité, régularité et surtout récupération.

Certes, il y a des périodes intenses mais on parle sans cesse de récupération durant un plan d’entraînement.

La récupération fait partie intégrante d’un plan d’entraînement !

Récupération durant une séance d’entrainement, récupération après une journée d’entrainement, récupération après des semaines et mois d’entrainements et également selon les périodes de l’année. La base même de la progression et de la performance est principalement dépendante de notre capacité de récupération.

Ainsi, à chaque instant d’une préparation sportive ou sur des projets professionnels comme personnels, je réfléchis toujours en termes de rythme maintenant.

Et le principal frein en général c’est nous même car on pense de suite « oui, mais je n’ai pas le temps de m’arrêter! » et ben, lorsque je n’ai pas le temps, je priorise et je le prends ce temps car je sais parfaitement ou cela se termine au final. A l’arrêt ! Arrêt dans mes entrainements ou arrêt dans ma vie.

Par Pascal Oberson
Accompagnement & Coaching sportif

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